Notre Dame de Paris

Les « chaises silencieuses »
de Ionna Vautrin

Notre Dame de Paris

Les « chaises silencieuses »
de Ionna Vautrin

Extrait du communiqué du ministère de la culture

Une forme arrondie et simple et des matériaux sobres comme le chêne et le laiton. Les assises imaginées par Ionna Vautrin se fondent parfaitement dans la nouvelle cathédrale et répondent à l’impératif fixé par le cahier des charges : faire des « chaises silencieuses » – entendez, d’une discrétion à toute épreuve. La designeuse a dessiné près de 1 500 chaises, 170 agenouilloirs, 40 bancs, 80 prie-Dieu (60 individuels et 20 longs). Un travail assez complexe qui devait répondre à plusieurs impératifs. « Le premier est pragmatique : les chaises devaient être empilables, s’attacher les unes aux autres et passer des certifications assez drastiques en termes de sécurité, en cas de mouvement de foule par exemple. Ensuite il y a toute la partie symbolique et de dialogue avec l’architecture. Enfin il y a évidemment l’usage liturgique », résume la designeuse, qui a notamment travaillé avec les frères Bouroullec.

Elle multiplie les références à l’architecture de l’édifice et les échos à l’univers spirituel. C’est – entre autres – les dossiers des chaises qui ont été abaissés pour permettre au visiteur de s’agenouiller pour se recueillir. C’est aussi la forme incurvée des sièges qui rappelle un des éléments les plus fameux de l’architecture gothique (l’arche) tandis que les dossiers, constitués d’élégants barreaux droits, font écho aux colonnes de l’édifice. Quant au bois choisi, le chêne massif, c’est une forme d’hommage à l’un des chefs-d’oeuvre emblématiques de Notre-Dame : la charpente du XIIe siècle. Les sièges destinés aux visiteurs et aux fidèles forment un horizon très bas qui souligne de façon impressionnante la verticalité de la cathédrale. « L’idée était donc de plonger au maximum dans cet univers puis de trouver des fils à tirer pour essayer de raconter une histoire cohérente », poursuit la designeuse, spécialisée dans le design industriel, qui s’est plongée dans les livres et a visionné de nombreuses vidéos pour s’imprégner et « prendre la mesure et l’échelle des lieux ». Pour les agenouilloirs, pensés dans l’esprit de la chaise, priorité au confort avec beaucoup d’arrondis pour épargner les tibias et les jambes tandis que les prie-Dieu, pièce hautement symbolique, sont les plus discrets et aérés possible avec seulement trois barreaux.

Un soin particulier a été apporté au choix de la couleur du bois,, pour se fondre dans le décor et s’accorder aux boiseries. Pour cette commande, lonna Vautrin a fait appel à l’entreprise landaise Bosc, labellisée « Entreprise du patrimoine vivant » avec une gestion du bois raisonnée. « Ils ont vraiment à coeur de travailler avec le tissu local pour faire vivre les savoir-faire de la région. Tous les barreaux et les pieds de chaises sont tournés à la main par un tourneur proche de chez eux. » La fabrication est même 100 % landaise puisque le tournage, le marquage du mobilier et l’ajout des fixations ont été réalisés par des entreprises de ce département.